Eldir avait vécu ces dernières heures comme un rêve dément. Sa dague s’enfonçant dans le cou d’un garde et son poing ganté dans le visage de l’autre quand ils étaient venu le saisir. L’arbalète de poing du capitaine qui lui envoyait un carreau dans le flanc.
Sa course et sa fuite dans les couloirs de la caserne. Le mot raisonnant dans sa tête, plus meurtrier que la douleur “Traître ! Traître ! Traître !”. Les accusations mensongères de son supérieur quand à son implication dans la mort du baron.
Et sa fuite éperdue, improbable, qui avait réussi sur le fil. Les gardes, confus, n’avaient même pas compris qu’on puisse l’accuser lui, l’homme d’honneur, d’une telle ignominie. Il avait passé la herse juste avant qu’elle ne referme, filant sur son fidèle cheval vers le nord.
Bientôt, ils viendraient pour lui. Il devait trouver un endroit où extraire ce carreau et pour soigner cette plaie qui saignait lentement, le projectile figé en lui.